Mets le plaisir entre tes jambes : Deviens le Bike Bloc

Arnolfini, Bristol et COP 15, Copenhague

2009

Alors que des dizaines de milliers de personnes du monde entier se préparaient à aller à la COP15, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Copenhague en décembre 2009, le Labo était invité par le Centre d’Art Contemporain de Copenhague (CCAC) à réaliser un projet pour leur exposition RE:THINK:contempory art and climate change.

L’expérimentation “Mets le plaisir entre tes jambes: Deviens le Bike Bloc” proposait de rassembler artistes, ingénieur·e·s, militant·e·s et pirates à vélo pour concevoir et construire, dans le Centre d’Art, des outils de désobéissance à partir des milliers de vélos mis au rebut dans les rues de Copenhague. L’objectif était de participer à la journée d’action Reclaim Power pendant la COP15.

L’équipe s’est d’abord réunie à Arnolfini (Bristol, GB) dans le cadre de l’exposition C-WORDS de Platform. La galerie a été transformée en un espace de réparation de vélos et des ateliers ouverts ont été organisés pour co-concevoir les machines de résistance pour Copenhague. Trois prototypes ont été lancés depuis notre conteneur à soudure sur les quais de Bristol, avant que l’équipe se rende au Danemark, des plans pleins les poches.

Mais, après des semaines de travail, le CCAC a abandonné le projet lorsqu’il.le.s ont réalisé que lorsque nous parlions de “désobéissance”, nous étions sérieux·ses. Il n’était pas question de faire semblant de faire de la politique : nous allions réellement construire les machines et les utiliser dans les rues. Elles n’allaient pas être des marchandises à contempler dans un musée, mais des outils pratiques de résistance. Heureusement, la Candy Factory, un fabuleux centre social situé dans une ancienne usine, s’est avéré moins timide et nous a accueilli·e·s pour la partie construction du projet.

Le Bike Bloc a été soutenu par le mouvement Climate Camp et des centaines de militant·e·s se sont retrouvé·e·s à la Candy Factory où plus de 500 carcasses de vieux vélos et de matériel de soudure nous attendaient. Là, une douzaine de Double Double Troubles (DDT) ont été construits, et nous avons mené des entraînements à la technique de “l’essaim de vélos”. Il y a même eu un essaim sonore!

Malgré les arrestations de masse et le climat général de répression, y compris un raid de la police dans notre espace, la confiscation des DDT et leur désignation comme “vélos de guerre” dans la presse, le Bike Bloc est descendu dans la rue le 16 décembre pour la journée d’action. Plus de 200 vélos réunis en une multitude d’essaims ont soutenu les milliers de personnes à pied qui participaient aussi à Reclaim Power. Des barricades de vélos ont protégé les militant·e·s qui tentaient de franchir le périmètre de sécurité de l’ONU, des essaims ont joué au chat et à la souris pour éloigner la police de l’action (une technique impliquant des ratios d’à peu près 12 flics et une camionnette pour chaque cycliste) et l’essaim sonore a pris d’assaut une autoroute.

Cela faisait vraiment longtemps que l’on n’avait pas eu autant de plaisir entre les jambes !

Il est amusant de constater que, deux ans plus tard, la version Double Double Trouble de l’essaim sonore s’est retrouvée (avec plusieurs autres reliques de nos expériences) au Victoria and Albert Museum de Londres, dans une fantastique exposition intitulée Disobedient Objects.

 

 

Couverture Médiatique

Sound Swarm, un court métrage de Siobhan Mckeown de D.I.T Productions et une bande sonore de Filastine suivant le bloc de vélos et son projet jumeau Swarm, Flow, Flood.

Le documentaire Pockets of Resistance, réalisé par Ralf Christensen, suit des militant.e.s créatif.ve.s et rejoint des micro-révolutions pacifiques dans le monde entier, y compris le labo pendant la COP15.